De nombreux professeurs de l’éducation nationale décident de quitter l’institution. Cette décision n’est pas marginale, elle concerne de nombreux enseignants chaque année. Les raisons du changement de cap sont multiples, mais je peux affirmer sans trop me tromper que les conditions d’exercice difficiles sont à l’origine du besoin impératif de changer de voie. Voyons ensemble quelles sont les problématiques communes à tous ces professeurs. Qu’est-ce qui les pousse à entreprendre une reconversion ? Quel est leur cheminement avant de parvenir à cette décision ?

Les facteurs déclenchants poussant le prof à se reconvertir

Je discute toutes les semaines avec des enseignants qui intègrent ou ont intégré mon programme de L’École des Profs. Un certain nombre a exercé au sein de l’Éducation nationale et ces professeurs sont en partie ou totalement sortis de l’institution.

Ils me disent que le fait de vouloir changer d’itinéraire professionnel et de décider de quitter la sécurité d’emploi n’est pas toujours compris. Or, tu le sais très bien si tu es enseignant toi-même dans un établissement scolaire, être prof, c’est différent de ce que tu penses quand tu es élève, étudiant ou même parent.

De l’extérieur, on n’a pas idée de la « lourdeur » du cadre, du système, des codes qui sont imposés. C’est parfois très difficile pour un professeur de supporter d’énormes contraintes au quotidien. Lorsque ça ne convient pas, l’horizon des 42 ans à effectuer dans le même environnement est assez effrayant. 

Des réalités concrètes sont à l’origine de désillusions. J’énumère ici des « refus » fréquents mentionnés par les collègues : 

  • Refus de l’affectation désirée et obligation d’enseigner dans une école en REP, 
  • Refus de mise en disponibilité pour nécessité de service,
  • Refus de rapprochement de conjoint,
  • Refus d’aménagement d’horaires,
  • Refus de temps partiel.

Finalement, lorsqu’ils sont fonctionnaires, les enseignants ne décident de rien.

Le questionnement et les doutes avant de se former à un nouveau métier

La démotivation

Au fil du temps, il arrive que l’enseignant supporte mal le décalage entre ses valeurs et le cadre rigide de l’institution. Les profs que je côtoie me font part du manque de reconnaissance qui, à la longue, sape leur motivation et leur enthousiasme.

Il n’est pas rare qu’un enseignant se questionne pendant plusieurs années et se demande comment il va tenir. Puis, la question de partir se fait plus précise.

La sujet du salaire bien qu’important ne peut pas compenser la pénibilité au quotidien. Une augmentation est souhaitée par l’ensemble de la profession bien sûr, mais elle ne changera pas les conditions d’exercice difficiles.

Quoi qu’il en soit, si tu vis cette situation, tu te demandes certainement :

« Qu’est-ce que je peux faire d’autre ? ». « Qu’est-ce que je vais faire ? ». Tu as l’impression que tu ne sais faire qu’une chose : être enseignant.

En fait, il y a un mélange de manque de confiance en soi et un manque de reconnaissance. S’ajoutent à cela une méconnaissance de ce que le professeur est capable de faire et l’appréhension de perdre de l’argent.

La peur de manquer d’argent

La peur du manque d’argent est un énorme frein. La reconversion professionnelle pour un enseignant est synonyme de perte de salaire… au moins le temps de se former.

Et les objections qui « l’auto-convainquent » de ne pas entamer de reconversion sont pléthore :

  • Je dois pourvoir aux besoins de mes enfants qui sont encore petits,
  • Je dois assurer le coût des études de mes ados,
  • J’ai un prêt immobilier à rembourser,
  • J’ai un conjoint qui ne veut pas que le niveau de vie de la famille baisse,
  • Je suis à quelques années de la retraite, effectuer une reconversion n’en vaut pas la peine.

Si on creuse un peu toutes ces objections, on s’aperçoit qu’elles sont liées au manque de confiance en soi et à l’argent.

Les questionnements pour la reconversion restent les mêmes quand on est dans l’enseignement ou ailleurs. On est humain, on a besoin d’argent pour vivre et on manque tous plus ou moins de confiance en nous.

Les compétences du professeur facilitent sa reconversion

Les enseignants sont bien formés. Ils ont une intelligence et un sens pratique développé. Leur maîtrise du français est excellente. Ils sont capables d’écrire facilement (ex : des mails), de mettre des mots sur des émotions et de comprendre celles des autres.

Dans une entreprise ou à ton compte, tu utiliseras des compétences intrinsèques qui seront très appréciées. Ces « soft skills » ne sont pas exigés sur un CV, mais sont hyper utiles. Finalement, quand tu as été prof, tu peux passer à n’importe quel autre métier par la suite.

⏩ Le site et le podcast de Florence « Avant j’étais prof » apporte de nombreux témoignages d’enseignants qui ont effectué une reconversion et sont devenus artisan-relieur, monitrice de plongée…

En fait, le lien qui existe entre l’ancien métier de professeur et le nouveau se fait au niveau de la personne, pas au niveau de l’enseignement. Les motivations, les valeurs (comme le partage et la transmission) se retrouvent tout naturellement dans la nouvelle profession.

Les alternatives à l’enseignement dans l’Éducation nationale

Si tu es en plein questionnement, tu peux commencer par te demander si tu ne veux plus enseigner du tout ou si tu souhaites continuer. C’est peut-être seulement le cadre qui ne te convient plus tout simplement.

L’École des Profs présente un programme qui s’adresse justement aux professeurs qui veulent enseigner autrement.

Et, si tu fais le point sur les différentes opportunités de délivrer un enseignement, tu t’aperçois qu’on peut enseigner :

  • Dans les écoles pour les élèves à profils spécifiques,
  • Dans des organismes de formation privée, 
  • À des enfants sourds et muets
  • Dans les hôpitaux,
  • Dans les prisons,
  • À des adultes, 
  • À distance.

⏩ À lire également : Enseignant indépendant : Le statut à privilégier

La reconversion est possible si on pense d’abord à soi

Si tu envisages sérieusement à la reconversion professionnelle, je te conseille de penser à toi avant tout. Surtout, efforce-toi de ne pas trop écouter l’entourage qui émet des réserves de toutes sortes sur ton choix.

Tu pourrais entendre : 

– Tu es sûr que c’est une bonne décision ? 

– Et si ça ne marche pas ?

– Et si tu regrettes ?

Ces remarques sont ni plus ni moins que la transposition de la peur de ton proche sur toi. Il formule ses angoisses (maladroitement sans doute).

Si tu prends vraiment le temps de réfléchir, de t’écouter, tu prendras les bonnes décisions. Si c’est un peu confus pour le moment, demande-toi ce que tu ne veux plus faire. Procède par élimination. Prends en compte tes expériences personnelles pour faire tes choix.

Voilà, la décision d’effectuer une reconversion après avoir travaillé dans l’Éducation nationale est difficile à prendre. Une fois que cette étape est franchie, le plus dur est fait ! 

Bon courage à toi si tu décides de franchir ce cap. 

Prends soin de toi,

Charlène.

PS : Le challenge de 3 jours pour devenir prof indépendant est spécialement conçu pour les professeurs qui souhaitent enseigner autrement.